Les Cultes du Chaos
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Un monde dévasté à rebâtir. Ce monde est vôtre ! Explorez-le, bâtissez des villes, prenez le pouvoir, devenez puissant ! Renversez le mal ou embrassez-le.
 
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 Débarquement

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Ancilla
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Ancilla


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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeMer 21 Juin - 11:41

Call of Destiny
Rain Sword feat Ancilla



La voilà qui s’est mit à sourire.
Elle se retourna pour parler à la gamine – Tiens, je ne l’avais même pas remarquée celle-là, je me demande pourquoi ils l’ont laissé entrer - et la repoussa derrière elle. Je pressentis à cet instant que ça allait mal tourner, mais la suite des événements était allée si vite que je n’ai rien eu le temps de voir venir.
« Dis moi, ma vieille, me demanda-t-elle. Combien crois-tu que d'hommes m'ont déjà menacé de la sorte? T'es ni la première... »
Elle se déporta légèrement sur le côté.
« Ni la dernière. »
Et avança brusquement pour saisir mon poignet droit qui tenait le taser et le tordit. Mes doigts relâchèrent l’arme mais elle la récupéra avant qu’elle ne tombe de ma main. La seconde suivante elle avait pivoté derrière moi tout en me faisant une clé de bras au passage. Je pus sentir le taser contre mon dos.
« Un cri, un geste et tu perds ton bras, en plus de subir une bonne décharge. Même si tes hommes entre, ma gamine tuera le dernier des trois. Quoique je doute qu'ils soient prêts à me désobéir, toi en otage. »
Je me suis encore fourrée dans un pétrin pas possible. Voilà qui m’apprendra à ne pas avoir écouté El’sha. Il m’avait pourtant bien prévenue qu’elle était dangereuse…
La gamine se retourna vers la porte et, après s’être hissée sur la pointe des pieds, elle la verrouilla. Elle était peut-être amorphe, mais elle était loin d’être débile. Ca, ça ne faisait aucun doute.
Je sentis les doigts de Rain se resserrer désagréablement sur mon poignet. Tout mon bras était en feu.
Elle nia être entrée ici et accusa les autres arrivants, rajoutant que certains n’attendaient qu’une chose, de me trancher la gorge. Ridicule. Elle cherchait juste à me déstabiliser. Elle rajouta qu’elle en avait vu, des hommes comme moi qui ne savaient s’exprimer autrement que par des menaces.
Comme si on se faisait respecter avec des mots doux… Quelle garce ! Si mon comportement était à revoir, il me semblait que le sien l’était tout autant. Après tout, moi, j’avais prévu de l’accueillir dans le confort. C’est elle qui n’a cessé d’être violente depuis son arrivée…
« Et tu sais quoi ? » poursuivit elle remontant encore plus mon bras le long de mon dos.
Il me fut impossible de contenir une exclamation de douleur.
« J'ai horreur des menaces, » grogna-t-elle juste à mon oreille.  
Comble de l’ironie, elle termina par d’autres menaces en expliquant que d’autres hommes l’ont appris au dépend de leur vie.
Enfin, elle lâcha mon bras meurtris, puis me repoussa du pied. Je tombai mes deux bras en avant au pied d’Alasan, qui ne s’écarta même pas. J’étouffai au maximum un nouveau cri de douleur. Le brusque et ample mouvement de mon bras droit, grandement opposé à la position précédente, fut tellement atroce que je pensai bien m’être déchiré le biceps.
« Maintenant, soit on a une vraie discussion, soit on la termine dans le sang, m’informa-t-elle. Même si j'ai une préférence pour le sang, rajouta-t-elle sadiquement dans un grand sourire.
Quelle salope…
Je serrai les dents. J’eus bien l’idée sur l’instant de dégainer le couteau qui était caché sous ma robe pour le coller sous la gorge de la gamine, mais je crois qu’il valait mieux trouver une autre solution pour arranger les choses. De toute façon, je ne pouvais plus rien manipuler. Ma tête s’emplit d’un bourdonnement rageur et mécontent. Non, il n’était pas content. J’avais intérêt de trouver rapidement un moyen d’arranger les choses si je ne voulais pas encore déguster.
Je me redressai difficilement en position assise et reculai vers le mur le plus proche opposé aux deux filles.
Je ne cherchai pas à me relever pour l’instant. J’étais déjà bien assez épuisée et essoufflée comme ça, et j’avais bien trop mal à mon bras droit pour pouvoir le bouger. Je le massai pour tenter vainement d’apaiser la douleur. Je me rendis compte que la plaie de mon index s’était réouverte dans la chute en apercevant du sang sur mon bras. Je m’adossai contre le mur. Plus loin je restais d’elles et mieux c’était.
Qu’allais-je bien pouvoir faire, maintenant ? J’avais l’impression d’être dans une voie sans issue. Je ne pouvais pas me permettre de lui dire la vérité dans un moment pareil. Pas dans ma position. C’était un coup à ce qu’elle me tue...
Le bourdonnement s’amplifiait, insupportablement assourdissant. Ce truc allait finir par me rendre folle.
Je passai ma main gauche sur mon visage pour l’essuyer compulsivement. J’avais un mal de crâne infernal. Je sentai de l’humidité en biais tout le long de mon visage.
Ah, j’oubliais le sang… Je laissai retomber ma main gauche sur ma jambe dans un claquement dépité.
Du temps. Il me fallait juste du temps. Il fallait que j’arrive à me tirer de ce mauvais pas et à reprendre la situation en main. Au lieu de ça, je me mis complètement à débloquer.
J’eus un rire hystérique.
Bien le bonjour, mon amie la folie.
« Ne… ne t’inquiète pas pour ça… Si c’est du sang que tu veux, tu vas être servie... »
Je repartis dans un bruyant éclat de rire, qui n’avait en réalité jamais cessé et qui avait même d’ailleurs ponctué ma phrase. Dans le miroir de ma coiffeuse, je pus apercevoir mon reflet inquiétant. Mes yeux brillaient et le sang étalé n’arrangeait rien à mon air démentiel.
« Et je peux t’assurer que tu vas très vite perdre ton petit sourire, ma mignonne... »
- Ancilla ? s’inquiéta soudain El’sha. Est-ce que tout va bien ? »
J’eus peur qu’il essaie d’ouvrir la porte. Qu’il me demande de lui ouvrir en se rendant compte qu’elle était bloquée. Que tout dérape. Je ne voulais pas mettre mes hommes en danger. Surtout pas lui… D’un autre côté, j’espérais qu’il me sauve. De tout, pas nécessairement de cette furie sanguinaire. Mais non, personne ne pourrait jamais me sauver car il était bien trop tard.
Je croisai le regard de Rain.
« Mais oui, tout va bien. On s’amuse juste comme deux petites folles… n’est-ce pas, Rain ? la pris-je à partie. Allez faire un tour et foutez-moi la paix, merci. »
El’sha allait se douter de quelque chose, j’en étais persuadée.
J’entendis Glenesh râler en s’éloignant et Niglo dire :
« Ce sont les femmes... »
Et El’sha de me répondre simplement.
« Très bien. »
Je fus soulagée.
Je regardai à nouveau la furie sanguinaire, puis, reprenant mon calme et mon sérieux de capitaine :
« Pose mon tazer quelque part et nous pourrons repartir sur de bonnes bases. Tu ne pourras me garder bien longtemps en otage sur mon propre navire… Mes hommes sont armés et je pense que les nouveaux arrivants, contrairement à ce que tu dis, sont bien heureux que je les ai sortis de cet enfer. Toi aussi, n’est-ce pas ? C’est pour ça que tu t’es invitée sur mon navire... »
Je cherchai mes mots un instant. Il fallait à tout prix que j’arrange la situation.
« Nous ne vous avons pas fait de mal que je sache et, je le répète, ce n’est toujours pas dans nos intentions. Pose mon arme ici et nous pourrons sortir dehors parler tranquillement sur le pont. J’ai… j’ai besoin de prendre l’air. »
J’avais réellement chaud et je commençais à sentir ma peau picoter sous la transpiration.
Le bourdonnement se calma quelque peu, j’allais au moins pouvoir comprendre ce qu’elle allait me répondre.


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Rain Sword

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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeMer 21 Juin - 18:55

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Rain Sword feat Ancilla

Je jaugeais la fringalette du regard, une sombre pensée pour ce que je pourrai lui faire subir, mais elle ne semblait pas vouloir prendre l'affront au pied de la lettre. Plutôt au pied du mur contre lequel elle s'était réfugiée avec le mince espoir que je n'achève pas sa vie ici. Je dois avouer que j'avais un certain plaisir à avoir une telle ascendance sur mes ennemis, mais c'était mieux quand il y avait eu une bonne baston avant. Là, elle acceptait la défaite, et son arme toujours au creu de mes mains, mes épaules s'affaissèrent. Je ne voyais pas plus la peur dans ses yeux que plus tôt, mais une tornade de réflexions ardûes et visiblement douloureuses, qui suait au travers de ses vêtements. Etait-elle mentalement instable? Je veux dire, plus que moi. Et encore, je ne suis pas instable, mes pensées gardent la même ligne droite, elles ne sont justes pas communes.
Mon sourire raidit devenait douloureux, si bien qu'il disparu en un coup de vent lorsque la Détraquée se mit à rire comme une forcenée. Ok, elle devenait vraiment chelou. Je peux faire peur, moi, c'est sûr, mais pas de manière aussi psychotique.

_T'as vraiment un sérieux problème, fit-je plus pour la forme que pour avoir une réponse.

Elle raclait son visage avec nervosité, y étalant le sang de sa blessure à l'index. Si elle sortait comme ça, les blaireaux penseront que je l'ai mise à mal, du genre, avec quelques coups sourds. J'étais pas du genre à être discrète, mais j'avais tendance à choisir les solutions de facilité, et m'expliquer à des rustres sans cervelle seraient probablement compliqué sans arme blanche.
Je laissais la petiote près de la porte, espérant qu'elle n'ait pas de réaction imprévisible devant cette folle. Folle qui crachota:

_...Si c'est du sang que tu veux, tu va être servie.

Génial, rien de tel pour finir de se classer du mauvais côté de mes coups. Elle n'avait sûrement pas finie de m'épater. Je ne resterai pas plus longtemps pour savoir si le sang viendra de moi ou de quelqu'un d'autre.

_Laisse-moi te rappeler que celle qui rampe par terre, blanche-neige, c'est toi.

Je fis un pas vers la porte, exaspérée, quand des voix à l'extérieur me surprirent.

_Ancilla? Est-ce que tout va bien?

Je fronçais, n'ayant pas pensé que ses chiens garderaient la porte. J'avais toujours son arme, mais ça m'emmerderais d'avoir à me farcir deux des leurs, en supposant qu'Aly s'occupe bien du dernier. Je me tournais vers la capitaine, un index sur mes lèvres pour lui intimer le silence, avant de passer le pouce le long de mon cou.
Elle eut un moment de doute avant de répondre que tout allait bien. Lorsque les pas s'éloignèrent, et qu'Alasan n'avait pas bronché d'un iota fixant le vide, menton sur le sommet de la tête de la peluche, la capitaine reprit un masque plus serein.

_Pose mon tazer quelque part et nous pourrons repartir sur de bonnes bases... dit-elle.

Je gloussais.

_De bonne bases? Pourquoi faire? Je ne vais sûrement pas ignorer tout ce que j'ai etendu de toi, qui ont bien niqué les bases.

Elle me répondit froidement:

_Tu ne pourras pas me garder bien longtemps en otage sur mon propre navire...
_Tu veux parier? Tu doutes encore de mes capacités?
_...Mes hommes sont armés et je pense que les nouveaux arrivants, contrairement à ce que tu dis, sont bien heureux que je les ai sortis de cet enfer.

Elle prit une certaine assurance pour enchaîner d'un air hautain, sourire au coin des lèvres.

_Toi aussi, n'est-ce pas? C'est pour ça que tu t'es invité sur mon navire.

J'eu un petit rire de gorge avant de m'approcher d'elle à pas menaçant.

_Je ne me suis pas invité pour toi, ma vieille. Je ne te connais pas, je ne t'ai jamais vue de ma vie. Et tout me porte à croire que tu te fous bien de notre gueule à tous depuis le début. Je ne sais pas ce que tu as en tête, probablement tous nous écorcher vifs pour tes petits jeux, mais avec moi, ce sera bien plus compliqué que tu n'le penses. J'ai passé suffisamment de temps sur cette maudite île pour savoir reconnaître la saloperie quand je la vois.

Je conclu d'un crachat à ses pieds, prête à en découdre s'il le fallait encore. D'accord, c'était pas très glamour. Mais au moins, c'était explicite.
Etonnament, la fureur qui l'avait envahis plus tôt avait vraiment totalement disparut, pour laisser place à une relative douceur qui lui saillait bien mieux. Elle savait qu'elle ne faisait pas le poids, mais semblait plus prompt à régler le différent avec professionnalisme.

_Nous ne t'avons pas fais de mal que je sache, reprit-elle, et, je le répète, ce n'est toujours pas dans nos intentions.

Je roulais des yeux.

_Pose mon arme ici et nous pourrons sortir dehors parler tranquillement sur le pont. J'ai... J'ai besoin de prendre l'air.

Effectivement, elle avait tout l'air de quelqu'un prêt à dégobiller le contenu de son estomac en plus de son abdomen. Mais j'avais un gros avantage ici que je ne voulais pas perdre. Elle allait devoir faire mieux que des mots pour me convaincre.
Je secouais la tête.

_L'enfer est pavé de bonnes intentions.

J'accrochais le-dit "tazer" à la ceinture de mon pantalon, derrière mon dos.

_Et pourtant, c'est pas du tout ce que tu montres, "ne pas vouloir me faire de mal". T'as qu'à te mettre près de la fenêtre pour respirer dehors, c'est le seul avantage que je veuilles bien t'offrir. Si ce que tu dis est vrai, je n'aurais pas à tuer tes hommes dès que tu leur auras hurlé de venir à ton secours.
Je pris la chaise de son bureau pour venir m'installer au coin de la pièce, près de la porte, les bras croisés. Alasan se tenait de l'autre côté, toujours immobile, spectatrice perfectionnée.

_Je te rendrais ton arme si ce que tu me dis me plaît.

Je patientais un instant avant de poser mes questions.

_Je veux savoir exactement où tu nous emmènes, je me fiche de pas pouvoir le repérer sur une carte. Je veux aussi savoir ans combien de temps on y arrive. Je veux savoir pourquoi nous, et pas n'importe quel blaireau sur un continent plus proche. Et je veux savoir aussi... c'est quoi ce foutoir?

J'écartais les bras en désignant l'espace de la chambre, pleine à craquer d'objets occultes, de fioles bizarres, de livres étranges, de dessins aux symboles incompréhensibles.

_Est-ce que ça a un rapport avec... avec moi?

Mes tatouages me hantaient en cet instant précis.
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Ancilla
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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeMer 21 Juin - 20:17

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Elle ne me faisait aucunement confiance et restai sur ses positions. D’un côté, je pouvais la comprendre. C’est difficile de faire confiance à quelqu’un lorsque l’on mène une telle vie surtout avec ce qu’elle a appris sur moi.
Elle ricana et se rapprocha de moi de façon inquiétante. Je regardai la distance se réduire un peu plus à chacun de ses pas. Allait-elle me frapper ? Me taser ? Si je m’en sortais sans prendre un coup de jus, je crois que j’aurais de la chance.
« J’ne me suis pas invité pour toi, ma vieille. Je ne te connais pas, je ne t'ai jamais vue de ma vie. Et tout me porte à croire que tu te fous bien de notre gueule à tous depuis le début. Je ne sais pas ce que tu as en tête, probablement tous nous écorcher vifs pour tes petits jeux, mais avec moi, ce sera bien plus compliqué que tu n'le penses. J'ai passé suffisamment de temps sur cette maudite île pour savoir reconnaître la saloperie quand je la vois. »
Elle cracha devant moi et je reculai un peu plus mes jambes, écœurée. Une chance qu’elle ne m’est pas visée. De la saloperie, je voulais bien reconnaître qu’une partie de moi en était. Mais elle était persuadé que je voulais tous les tuer. Elle ne m’aurait jamais cru si je lui prétendais le contraire.
Elle refusa de me laisser sortir et m’invita à me rendre devant le hublot pour respirer l’air frais.
Je me résignai à rester à ma place. De toute façon, l’air frais n’aurait rien changé à mon état.
« L’enfer est pavé de bonne intention » me provoqua-t-elle.
Que pouvait-elle bien connaître de l'enfer ?! Le vrai, le mal, pas la galère humaine.
Elle accrocha mon taser à sa ceinture. Bon, pour l’instant du moins, j’avais un sursis.
Elle prit la chaise et se mit dans le coin de la pièce à côté de moi.
Je fis un effort pour me tourner afin de lui faire face. Mon bras – et mon poignet aussi d’ailleurs – me faisaient mal au moindre mouvement.
« Je te rendrais ton arme si ce que tu me dis me plaît. »
Pouvais-je la croire ?
« Je veux savoir exactement où tu nous emmènes, rajouta-t-elle. Je me fiche de pas pouvoir le repérer sur une carte. Je veux aussi savoir ans combien de temps on y arrive. Je veux savoir pourquoi nous, et pas n'importe quel blaireau sur un continent plus proche. Et je veux savoir aussi... c'est quoi ce foutoir ? »
Elle désigna mes affaires et me demanda si cela avait un rapport avec elle.

J’eus un petit sourire provoquant.

« Tu es vraiment sûre de ne pas avoir fouillé dans mes affaires, Rain ? Même pas dans un certain livre ? »
J’avais l’impression que la balle était revenue dans mon camp. Elle voulait des réponses et n’importe qui dans son cas en voudrait. Je pouvais sûrement jouer sur ça, si je me débrouillais bien.
Mais je devais faire attention à ce que je disais. Qui pouvait savoir jusqu’où elle pouvait aller si je la provoquais de trop…
« Si tu veux que je sois honnête avec toi, tu ferais mieux de l’être en retour. La confiance vois-tu, ça  doit être réciproque. »
Je perdis soudain mon sourire lorsque je remarquai que, par terre vers le milieu de la pièce, se trouvait la lettre que j’avais mis dans ma poche arrière quelques instants plus tôt. Elle a dû m’échapper quand cette furie m’a brutalisée…
J’hésitai à aller la ramasser. Et puis je me décidai. Lentement, je tentai de me lever en m’appuyant sur ma main gauche – dont l’index me faisait terriblement mal lui aussi - mais il me fallut m’y reprendre à deux fois avant d’arriver à seulement m’accroupir chancelante.


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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeMer 21 Juin - 21:09

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Une fois de plus, elle éluda totalement mes questions. On avançait pas, et je commençais à perdre patience. Elle avait visiblement l'intention de me laisser dans l'ignorance, ou probablement me donner un os à mâcher le temps de ce voyage indéterminé.
Son regard se posa sur un papier froissé au milieu du débaras, et elle tenta de le récupérer en s'aidant de son bras blessé. Je l'avais plutôt bien amochée, mine de rien. Fragile comme elle était, j'aurais pu y aller plus doucement. Je me relevais sèchement, faisant mine de l'en empêcher, mais je la contournais pour m'approcher du hublo, que j'ouvris en grand. Un vent frais me fouetta le visage et je pris une grande inspiration. L'air était chargé de sel et m'apportait un regain d'impudicité, boostant ma vigilance. Rien de tel que de se sentir libre comme un oiseau. Et de calmer ses nerfs.

_Eh bien, si tu commençais par me croire quand j'te dis que je n'suis pas entré dans cette piaule.

L'honnêteté c'est pour les faibles. Je dégainais le tazer, les sourcils froncés.

_Tu me tapes sérieusement sur le système, grondais-je. Si t'as pas de bons argument dans les dix secondes, je te crame la gueule avec ça et je me tire. Le temps que tes hommes se doute de quelque chose, je serais déjà bien loin.

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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeMer 21 Juin - 21:59

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Je réussis à me mettre debout et me dirigeai à pas zombiesque vers le papier. Alors que j’allais tendre le bras pour l’attraper ,Rain se leva et s’approcha de moi. Je me figeai et reculai d’un pas lorsque je crus qu’elle allait m’en empêcher, mais finalement elle passa à côté de moi et  se rendit jusqu’au hublot pour l’ouvrir en grand. L’air frais qui s’engouffra sembla l’apaiser quelque peu. Ca faisait du bien en effet, j’avais l’impression d’être dans un four et je remarquai que j’étais trempée de sueur.
« Eh bien, si tu commençais par me croire quand j'te dis que je n'suis pas entrée dans cette piaule. »
Elle continuait de mentir… Soit.
« Tu me tapes sérieusement sur le système, reprit-elle. Si t'as pas de bons argument dans les dix secondes, je te crame la gueule avec ça et je me tire. Le temps que tes hommes se doute de quelque chose, je serais déjà bien loin. »
Je respirai profondément. L'appréhension me cisaillait. Le bourdonnement reprit de plus belle. Furieusement. Je fermai les yeux en entendant à nouveau ce son de cor assourdissant et portai ma main gauche à mon front pour agripper mes cheveux. J’expirai un bon coup. C’était insupportable.
Je me laissai tomber doucement juste en face du papier plié.
« Je n’ai pas menti moi non plus. Nous allons vraiment bâtir une cité. Des gens sont déjà sur place à tout préparer, plan et matériel. C’est à l’est, sur le continent. Nous devrons y être dans… Oh, mais j’en sais rien moi… Trois jours je pense… Peut-être quatre... » hasardai-je anxieuse.
J’envoyai lentement l’index et le majeur gauche, joints, vers le papier pour le récupérer. Mes doigts tremblaient.
« On vous fera rien du tout je te dis ! On aurait pas d’intérêt à faire ça, sinon je vous aurai tous laissé attachés… Tu crois pas ? Dis-moi pourquoi vous seriez libre autrement. »
machinalement, je fis tourner et retourner le papier de ma main gauche, en m’appuyant contre le sol et la faisant glisser tout le long.
Chael… j’aimerais tellement qu'il soit là… pensai-je désarmée.
Il aurait su gérer la situation, j’en étais persuadée. Il aurait su faire les choses comme il faut.
Je n’arrivais même plus à regarder Rain et je restai le regarde rivé sur le papier qui continuait de tourner encore et encore sur lui même.
Il fallait que je trouve le courage de terminer mes explications. Avec un peu de chance, j’éviterais le coup de taser. Je me demandais si un muscle déchiré ne se dégradait pas encore plus sous une décharge électrique. Si je ne m’abusais, l’électricité devait se faire contracter de nombreuses fois chaque muscle...
« Ce sera une cité quelque peu, spéciale… je te l’accorde. Mais ça reste une cité qui sera réellement construite. Libre à toi de me croire ou non, mais tu peux me croire, tu as tout à y gagner à me faire confiance. »
J’avais tellement chaud…
Le bourdonnement qui s’était calmé pendant que je parlais repris, pour m’inciter à terminer le sujet une bonne fois pour toute.
Je soupirais.
« Toi… toi et la gamine là, vous êtes spéciales. Toutes aussi spéciale que cette citée qui va être construite. C’est vous que j’étais venue chercher... Je n’aurais pas fait tout ce chemin pour emporter dix esclaves. J’aurais pu en trouver bien plus près. Mais… »
J’avais envie de vomir. Je portai ma main devant ma bouche et regardai Rain.
Je ne savais même pas si je devais aller me faire une place à la fenêtre ou vomir sur le sol.
Ni l’un ni l’autre serait parfait.
J’essayai de finir maintenant que j’étais lancée.
« Je… » je soufflai d’agacement.
Allez, autant tout déballer. Ce sera fini après. 
« Je fais partie d’un culte. Toutes les deux aussi, vous en fait partie depuis toujours. Je sais qu’on a perdu votre trace il y a longtemps et on m’a confié la tâche de vous retrouver. Je n’en sais pas plus, Rain, vraiment. Il y a une histoire de prophétie mais on ne m’a pas tout dit… Ce culte est assez récent, il a été créé pendant la guerre. Il ne vous sera fait aucun mal, je le répète. Vous êtes importantes, mais ne me demande pas pourquoi ça je ne le sais pas. Je ne suis qu’une prêtresse… C’est pas moi qui dirige. J’ai été recueillie vers la fin de la guerre par l’un des dirigeants. On va le rencontrer lorsque nous serons à terre. S'il te plaît fais moi confiance... Ne pars pas... Tu trouveras toutes les réponses à tes questions là-bas. »

Voilà, le morceau était lâché. Maintenant, j’allais me prendre une châtaigne et elle allait probablement se barrer. La tâche sera confiée à quelqu’un d’autre et je vais être damnée pour l’éternité.

Je remis ma main gauche sur la bouche.

« Je vais... vomir… »

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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeJeu 22 Juin - 19:38

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Les yeux plissés, j'écoutais les divagations de la capitaine. Je n'arrivais toujours pas à la croire entièrement, mais une partie de moi semblait plus réceptive. Au moins, la Détraquée se décidait à parler. Mais elle avait l'air de plus en plus mal, comme si... se tenir sur ce bateau l'a rendait... Malade? Elle avait le mal de mer? Et en plus, elle ne savait même pas tout à fait combien de jours durait le trajet? Je souris en coin à cette pensée, quelle piètre capitaine elle faisait. Elle n'avait pas plus de compétences maritimes que moi, en fait. Pas étonnant que ses hommes la respectaient si peu. Néanmoins, cette maladresse la rendait presque innocente. Si on oubliait qu'elle était un peu – enfin, carrément – folle à lier.
Le papier qu'elle essayait de récupérer fébrilement atisait ma curiosité, mais j'imagine qu'elle ne m'en parlerait jamais. Et je serai bien incapable d'en lire une seule ligne... Il faudra que je songe à me mettre à la lecture lorsque j'aurai posé pied à terre au continent.

Reconstruire une cité particulière... Qu'est-ce qu'elle entendait par là? Un temple?

_On vous fera rien du tout je te dis ! s'indigna-t-elle soudainement devant mon silence. On aurait pas d’intérêt à faire ça, sinon je vous aurai tous laissé attachés… Tu crois pas ? Dis-moi pourquoi vous seriez libre autrement.

J'arquais un sourcil dubitatif.

_Rien de plus facile que de dresser un troupeau de boeufs, qui entrera de lui-même à l'abbatoir. Surtout quand ces boeufs sortent tout juste de l'enfer. Leur promettre le paradis...

Je me penchais légèrement.

_Je ne crois en personne, blanche-neige. Ormis cette jolie petite pomme.

Je souris en lançant un clin d'oeil à Aly, qui niquait mon côté théâtral en s'en branlant complètement.

_Parle-moi de cette cité, continuais-je en rangeant le tazer avant de croiser les bras.

Son discours commençait à m'intéresser.

_Ce sera une cité quelque peu, spéciale… Je te l’accorde. Mais ça reste une cité qui sera réellement construite. Libre à toi de me croire ou non, mais tu peux me croire, tu as tout à y gagner à me faire confiance.

Moi et Aly? Spéciales? Je jetais un regard à la petite, qui s'amusait avec sa peluche. Je savais bien que notre lien n'était pas normal, mais je n'avais jamais vraiment su en quoi. Et perdre la mémoire n'aidait en rien. J'inspirais doucement, les muscles relâchés. Tout à y gagner à lui faire confiance, hein... Cause toujours.

_Tu m'excuseras si je n'ai pas tendance à accorder ma confiance à quelqu'un qui passe son temps à me menacer. Dois-je te rappeler que tu as parlé la première lorsque je suis arrivée dans cette chambre?

Je gloussais et haussais une épaule.

_Laisse tomber, je te déteste déjà. Rappelle-moi en quoi toute ta merde à un rapport avec moi?

Elle semblait sur le point de perdre connaissance, mais ce ne fut qu'une impression.

_Toi… reprit-elle, toi et la gamine là, vous êtes spéciales. Toutes aussi spéciales que cette citée qui va être construite. C’est vous que j’étais venue chercher... Je n’aurais pas fait tout ce chemin pour emporter dix esclaves. J’aurais pu en trouver bien plus près. Mais…
_Mais...?
_Je fais partie d’un culte. Toutes les deux aussi, vous en fait partie depuis toujours. Je sais qu’on a perdu votre trace il y a longtemps et on m’a confié la tâche de vous retrouver. Je n’en sais pas plus, Rain, vraiment. Il y a une histoire de prophétie mais on ne m’a pas tout dit… Ce culte est assez récent, il a été créé pendant la guerre. Il ne vous sera fait aucun mal, je le répète. Vous êtes importantes, mais ne me demande pas pourquoi ça je ne le sais pas. Je ne suis qu’une prêtresse… C’est pas moi qui dirige. J’ai été recueillie vers la fin de la guerre par l’un des dirigeants. On va le rencontrer lorsque nous serons à terre. S'il te plaît fais moi confiance... Ne pars pas... Tu trouveras toutes les réponses à tes questions là-bas.

Au fur et à mesure que sa voix coulait dans ma tête, je sentais le vertige m'envahir. J'avais donc bien un lien avec... avec tout ça. Ces gens que j'ai vu... Ils font parti d'un culte, eux aussi? Et la signification de mes tatouages... Est-ce qu'elle me connaît? Est-ce qu'elle connaît Aly? C'est une prêtresse... Mais c'est quoi le rôle d'une prêtresse exactement?

_Pourquoi on est spéciales? Qu'est-ce que tu veux dire par là? J'ai des pouvoirs?

J'avais tellement de question que j'osais même plus les poser, comme si elle n'allait pas y répondre, déjà qu'elle contournait la plupart. Je me demandais si je devais suivre ma destinéou bien y échapper. Si au moins je savais ce qu'elle voulait faire de moi.

_Qu'est-ce que tu veux de moi? En quoi Aly et moi sommes importantes? Et t'as intérêt à répondre.

En y repensant, avec 3 ou 4 jours de voyage, si elle ne dijonctait pas et que c'était vraiment ça, je pourrais vite me faire une idée de ce qui m'attend.
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Ancilla
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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeJeu 22 Juin - 20:25

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Elle semblait à la fois incrédule et intriguée par tout ce que je venais de lui dire. Et après ?
Elle a rangé le taser sur elle, mais elle ne l’a pas posé. Le détail ne m’a pas échappé.
J’en avais marre de lui parler. Marre de parler tout court. A la base, j’étais censée venir me « reposer » si je puis dire. Et au lieu de ça, je suis prise en otage par une putain de femme que j’étais moi même censée avoir sous mon contrôle sur mon navire. Et pour rester dans l’ironie, je demandai à cette même personne qui me tenait en otage dans ma chambre de ne pas s’en aller.
La situation était d’un burlesque…
Elle me demanda à deux reprises en quoi elles étaient spéciales. Elle me demanda aussi si elle avait des pouvoirs.
En revanche, elle a complètement ignoré la menace de mon renvoi gastrique dont elle devait se ficher royalement.
Je remis la lettre dans ma poche arrière.
« J’en sais rien moi, en quoi vous êtes spéciales… Je t’ai dit tout ce que je savais... Tu en sauras plus sur… sur... place… »
Je respirai à grande goulée d’air pour tenter de réguler le besoin impétueux d’expulsion de mon estomac.
Je déglutissais.
Rien n’y faisait.
« Pose mon taser et sortons maintenant, réessayai-je. J’ai répondu à tes questions... »
La nausée devenait insoutenable et je me relevai pour me précipiter vers la fenêtre, une main devant la bouche.
Deux solutions ;
Soit elle allait se pousser bien gentiment pour me laisser l’accès au hublot, soit c’est moi qu’elle allait pousser en m’envoyant valser.
Mais je n’allais quand même pas me résigner à vomir au sol comme un chien.


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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeJeu 22 Juin - 21:38

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J'esquissais un pas de côté pour lui permettre de régurgiter ses derniers repas, me remémorant la couleur de son dernier vomissement, avant de me demander si elle pouvait vraiment cracher ses boyaux. Ecoutant ses écoeurement en souriant en coin, je la laissais pour déverrouiller le loquet de la porte avant de l'ouvrir.

_T'as répondu qu'à une seule de mes questions.

Et vu que t'es la vulgaire bonne d'un plus gros demeuré que toi, j'ai absolument aucune raison de te suivre dans tes délires. J'me tire.

Je lui jetais son tazer au milieu de son bordel. J'en avais plus besoin, et j'avais pas envie qu'elle me course toute la journée pour l'avoir.

_Aly ! appelais-je.

La gamine me suivis dans le couloir en trotinant, plutôt joyeuse que je me décide enfin à quitter ce rafiot de débiles congénitaux. Pas étonnant, elle avait un certain don pour sentir les choses, et elle considérait que ça n'en valait pas la peine. Au moins, j'avais un élément important: le voyage n'était pas bien long. Je la laisserai croire que je coopèrerais, mais je fiche la pourdre d'escampette dès que nous poserions pieds sur la terre ferme. Ou plus tôt, je sais pas. Elle serait capable de m'attacher dans la cale pour pas que je tente quoique ce soit. Elle serait bien con de faire ça, si elle veut vraiment mon consentement.
A l'avoir vu comme ça, elle ne ressemblait qu'à une marionnette naïve et crédule. Manipulée par plus haut qu'elle. Ou bien elle me mentait et jouait parfaitement la comédie. Dans les deux cas, je n'ai absolument ni l'envie, ni les raisons de voir plus loin dans cette histoire. Je savais que j'avais quelque chose à voir avec les cultes, je mènerai mes recherches seules. Il faudrait vraiment un cataclysme écologique pour me forcer à suivre cette imbécile.

Etrangement, c'est toujours quand on prie le malheur, qu'il frappe à notre porte. Je souris nerveusement.

J'avais récupéré – ou plutôt volé – deux grosses gourdes d'eau de la réserve de la cuisine dans l'après-midi, quand personne ne se trouvait à la cantine. Puis entraîné Aly dans une chambre vide. Avec chance, j'avais pu éviter de me coltiner les matelots ou la Détraquée, elle ne m'avait pas emmerdé plus que ça le reste de la journée. Ce qui m'étonnait, c'est que pour une femme douée à la concoction, elle n'avait aucun moyen de soulager son mal de mer. Je savais que le gingembre stoppait les nausées pendant un moment. Elle devait forcément en avoir, mais j'en avais rien à foutre. Elle ne devait pas être si douée que ça.
Alors qu'Alasan s'amusait à empiler et dépiler des objets divers dans un coin de la chambre – la plus éloigné de la cabine du capitaine – je jouais quant à moi avec le pieu, fixant la porte close. Une traînée de sang sous mes pieds coupait la pièce en deux, jusqu'à la fenêtre qui claquait régulièrement sous le balancement du bateau. Le bout de bois dans mes mains était dégoulinant de sang, et je me sentais sereine. Comme à chaque fois que je tuais. Je me sentais bien, j'en avais besoin. Je me demandais combien de temps il me faudrait pour tuer chacun des anciens prisonniers, mais je pensais pouvoir me retenir jusqu'à notre arrivée.
Maintenant que j'avais délimité mon territoire, aucun d'entre eux n'avait osé s'opposer encore à une sauvageonne qui pouvait éradiquer la vie avec un ridicule bout de bois. Bien. Malheureusement, il n'y avait pas de loquet dans les chambres du personnel, je devais donc grogner et mordre dès que quelqu'un essayait d'entrer. Façon de parler. Je bloquerai la porte plus tard avec un meuble, j'avais déjà presque faim et le repas du soir approchait. Dehors, le soleil rougeoyait à l'horizon. C'était un spectacle magnifique, mais je n'avais pas le temps de m'y attarder ce soir.

Cela faisait quelques minutes que j'entendais de l'agitation dans le couloir. Des hommes – il n'y avait que ça de toute façon, qu'elle horreur – courrait dans tout les sens en beuglant.

_Madame! Madame! beuglait une voix hystérique. On a des malades par ici! Ils...

Des malades? Quelqu'un a rapporté de la vermine de l'île? Bon dieu, quelle ironie! Je ricanais dans ma barbe. Ça va être drôle de voir comment cette poupée va gérer ça.

_Ils sont dans la chambre...

Je plaquais mon oreille contre le bois pour écouter plus attentivement. Apparemment, il s'agissait d'une chambre en face de la mienne, mais un peu éloignée. Proche de la cabine du capitaine... Haha.

_Regardez! Ils ne tiennent plus debouts, ils ont de la fièvre et... Ils deviennent blanc comme du linge! Vous... Vous croyez que c'est contagieux?

Je ne savais pas à qui il s'adressait, mais j'étais bien contente d'être protégée dans ma piaule. Je l'ai toujours dis: les gens n'apportent que de la merde. J'avais bien fais de voler de l'eau, Aly et moi pourrions tenir jusqu'à l'arrivée sans bouger d'ici.
Je baricadait ma porte avec un lourd coffre de rangement que je fis glisser jusqu'à l'embrasure. Il ne résisterai pas à une poussée, mais au moins, ça me préviendrait si quelqu'un tente quoi que ce soit. Je m'y assis, restant toute ouïe a à ce qu'il se passait à l'étage.

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Ancilla
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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeJeu 22 Juin - 23:45

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Alors que je me hâtai vers la fenêtre pour vomir, Rain se poussa pour me laisser le passage. J’évacuai le contenue sanglant en trois renvois douloureux.
« T'as répondu qu'à une seule de mes questions. »
Elle se retourna pour partir.
Et merde à la fin ! Si jamais elle quitte le navire je suis fichue. Je savais bien que j’aurais dû me débarrasser de ces fichues barques comme convenu au lieu de me sauver avec. Mais ce n’était pas grave, j’allais réussir à rattraper la situation, il le fallait. J'allais prendre les devant pour être tranquille.
Je me laissai glisser le long du mur jusqu’au sol. Il fallait que je réfléchisse et vite. Que je ne prenne pas le risque de la laisser partir. Je respirai calmement. Je ne disposai pas de beaucoup de temps, mais tout pouvait encore se jouer.
Rain déverrouilla la pièce et la quitta avec la gamine après avoir jeter mon taser. Bon, au moins, elle n’était plus armée. Je me sentais un peu plus sereine.
Je sentis quelque chose d’impalpable se mettre en place et un bourdonnement sourd dans mon crâne. Une alarme... J'avais le pressentiment qu'il fallait que je trouve une solutio Je priais autant que je pus pour la coincer ici. Je fis une incantation. J’invoquai et je demandai de l’aide. N’importe quoi pour qu'elle ne bouge pas d'ici quoi qu'il arrive. Ils savaient sûrement quoi faire. C’était dans leur intérêt après tout.
Rien.
Bordel...
Je quittai la pièce et me rendis sur le pont, jusqu’au dessus des deux barques. Personne.
Je sortis mon couteau de sa gaine attaché sur ma cuisse, et, de ma main gauche, je coupai les cordes qui reliaient les barques au navire.
Cela me prit un bon moment, surtout que ma main était blessée et que j’étais droitière. Mais tout le monde était occupé à ramer ou piloter et je pus faire cela tranquillement.
Pour être sûre de ne pas me faire interrompre, je coupai toutes les cordes en même temps, allant de l’une à l’autre au fur et à mesure de mon élimage.
Quand enfin elles furent toutes sur le point de rompre, je finis tranquillement une par une.
Il ne me restait que deux cordes à couper quand El’Sha me tomba dessus.
« Mais qu’est-ce que tu fais bon sang ?! 
- Je sais ce que je fais, retourne à ton poste ! »
La mort ne m’effrayait pas. Ce qui m’effrayait par contre, c’est la damnation éternelle. Je savais bien que quoi que je fasse j’étais foutue. Mon âme reviendra tout droit à tous ces horribles démons venus d’ailleurs…
Mais mieux valait y aller après les avoir satisfait que l’inverse.
El’sha essaya de m’arrêter mais je le repoussai.
Il me fit alors remarquer que j'avais du sang sur la figure et sur le bras, suite à quoi je lui rappelai la plaie de mon index.
Au loin, j’entendis un grondement. Je ne réagis pas tout de suite. Je réalisai enfin qu’il s’agissait d’un orage qui se rapprochait. Je regardai le ciel. Ce matin il était d’un bleu éclatant, cet après-midi encore et ce soir tout au fond, de la grisaille s’annonce. Je souris.
Bon… Une tempête est loin de plaire à tout équipage, mais je crois pouvoir dire que c’était une chance inespérée en ce moment. Je remerciai tous les séculaires et surannées. Je remerciai tout ce que je pus remercier. Le ciel, les grands anciens, le destin et le hasard.
« Retourne à ton poste, j’ai dit ! m’adressai-je à El’sha. Et fais moi plaisir ; éloigne ce maudit bateau de la côte, merci. Je ne veux surtout pas que l’on puisse l’atteindre à la nage. »
Il me regarda comme si toute raison m’avait définitivement quittée.
« Dis-moi… tu as décidé de tous nous tuer, c’est ça ? Tu ne crois pas que l’on devrait accoster et faire une pause plutôt que de s’éloigner en pleine mer alors qu’une tempête approche ?!
- Je cherche juste à limiter la casse.
- J’espère que tu sais ce que tu fais... La tempête nous vient droit dessus Ancilla...
- Ne t’inquiète pas pour ça.
- Il faut rentrer les voiles et jeter l’ancre.
- Non ! m’écriai-je. Pas avant d’avoir pris le large ! Sois tu m’écoutes maintenant, sois je peux te jurer que ça va mal finir pour toi ! »
C’était peut-être égoïste de penser à moi avant les autres, mais peu importait au point où j’en étais. Nulle conscience ne pouvait sauver mon âme.
Il s’en retourna à la barre, Glenesh et Niglo rentrèrent les voiles.
Je repris mon sciage de corde. Enfin, les deux barques tombèrent à l’eau. Je m’assurai de bien les faire retomber à l’envers pour qu’elles coulent.
Ma main me faisait affreusement mal. Je rangeai le couteau.
Je regardai la côte s’éloigner de plus en plus.
Un petit contretemps, mais au moins maintenant, j’étais tranquille. Cette petite garce ne risquait pas de se faire la malle quand j'aurai le dos tourné. Je retins un petit rire. J’imaginai sa tête si elle décidai de partir…
Les nuages arrivèrent à une vitesse folle, pousser par un vent furieux.
La pluie se mit à tomber.
Le tonnerre gronda.
Elsha vint me chercher pour m’emmener à l’abri dans le sous sol.
Lorsque il me prit le bras droit pour m’entraîner, la douleur qui zébra mon bras me dit émettre une plainte de douleur. Je crois bien que ça avait empiré.
« Lâche-moi, je te suis ! »
Il m’obéit, mais regarda mon bras une fois en bas assis à la cantine. Mon poignet était gonflé, et mon biceps avait bleuit.
« Tu m’expliques ce qu’il s’est passé ?
- Je n’ai pas de compte à te rendre... » grinçai-je.
- Ne bouge pas, je reviens. »
Il partit pour revenir peu de temps après avec deux morceaux de bois et de quoi bander mon bras.
« Tu n’aurais pas dû prendre à la légère ce que je t’ai dit », me réprimanda-t-il.
Il apposa un morceau de bois dessus mon poignet et l’autre dessous, puis enroula le tout.
Il me passa un tissus noir autour du cou et plia délicatement mon bras pour le passer dedans en écharpe.
« C’est bon, t’as fini maintenant ? demandai-je.
« Alors merci, rajoutai-je sans lui laisser le temps de répondre.
- Laisse moi changer le pansement de ton doigt. »
Il le fit rapidement et je pus enfin me lever. Niglo et Glenesh étaient venus s’abriter.
Le bateau était immobilisé et la tempête se rapprochait de plus en plus. On pouvait sentir le bateau tanguer bien plus qu’en temps normal.
« C’est quoi cette histoire de s’éloigner de la côte et de balancer les barques ?! me questionna Glenesh. Tu es folle !
- Je suis peut-être folle, mais j’assure ma retraite. Je suis habitée par une survie quelque peu différente de la vôtre. »
Personne ne pouvait comprendre ce que je racontai hormis moi, et ça m’allait très bien.
 Niglo nous interrompit soudain.
« Dites, ça gueule vers les chambres… »
Personne ne tint compte de sa remarque. Et puis le problème mentionné par Niglo nous tomba dessus.
« Madame! Madame! cria une voix paniquée. On a des malades par ici ! Ils… Ils sont dans la chambre... »
Niglo alla voir.
Des malades ?! Mais était-ce vraiment le moment de s’occuper de malades ?
Non, je n’étais pas près de me reposer.
« Regardez ! Ils ne tiennent plus debout, ils ont de la fièvre et... Ils deviennent blanc comme du linge! Vous... Vous croyez que c'est contagieux? »
J’allai voir ce qu’il se passait.
Il y avait quatre hommes dans la chambre.
« Dites-moi que c’est un cauchemar... » murmurai-je.
Je ne savais plus où donner de la tête. Le vent soufflait de plus en plus fort, amenant de lourds nuages gris qui étaient bien au dessus de nos têtes maintenant.
« Que les malades restent là… dis-je. Interdiction de quitter la pièce pour l’instant. S’il y en a d’autres, qu’ils y aillent aussi. Celui qui s’amusera à quitter la chambre sera balancé par dessus bord sans préavis. Et…
Derrière moi, il n’y avait que cinq types.
« Où est le dixième homme ? demandai-je. Vous étiez dix... »
Personne ne sut me répondre.
« Vous cinq là, retournez dans vos chambres et n’en sortez pas », mandai-je.
Et où était passée Rain ? Merde, j’espérais au moins qu’elle n’avait pas réussi à se tirer à la nage. L’idée de la voir se noyer en pleine tempête me fit presque sourire, si cela n'impliquait pas quelque chose de catastrophique pour moi.
Bon. Les ennuis étaient loin d’être finis...
J’accompagnai Niglo El’sha et Glenesh en cuisine.
« Pour ce soir on tapera juste dans la charcuterie, annonçai-je. Je vous laisse tout préparer. »
Je les laissai seuls pour retrouver cette foutue furie au plus vite.
Je finis par trouver la bonne porte lorsque je remarquai que quelque chose la bloquai de l’intérieur.
Une odeur bien familière me frappa de plein fouet.
Bon, j’avais trouvé la dixième personne. Je ne savais pas ce qu’elle a été lui faire, mais je m’occuperai de ce détail plus tard. Je devais surtout m’assurer que Rain était toujours là, alors pour l’instant j’allais ignorer ce point-là.
« Rain ? appelai-je. Tu es là ? On va se dépêcher de manger avant que ce ne soit plus possible.
J’espère que tu aimes la charcuterie, parce qu’on a quelques petits soucis et on a pas vraiment l’occasion de cuisiner. Viens, on va à la cantine. »
J’attendis une réponse ou qu’elle vienne me rejoindre.
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MessageSujet: Re: Débarquement    Débarquement  - Page 3 Icon_minitimeVen 23 Juin - 23:22

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La voix de la capitaine me surpris. Elle croyait vraiment que j'allais sortir pendant une épidémie? Elle n'avait pas vu ce qu'il s'était passé en prison. Exactement la même maladie. Ils l'avaient contracté à cause de la trop mauvaise hygiène des cellules, et l'avait appelé... Comment déjà? La nécromia? Elle se transmettait au toucher, à la sueur et à la salive du contaminé. Les premiers symptômes aparaissaient au bout d'une heure ou deux, fatigue, nausées, pâleur, puis venait la fièvre, le raidissement des muscles, l'impossibilité de se relever. S'ils n'étaient pas soignés à ce stade, des plaques noires commençaient à ternir leur peau, l'épiderme se craquelait et la victime se nécrofiait vivante, d'où le surnom donné à la maladie. Ils mouraient ensuite. Le stade des plaques noires signait leur arrêt de mort. Globalement, de ce que j'avais pu voir, on mourrait de la nécromia au bout de 24h. Les symptômes du stade terminal se manifestaient vers la 12ème heure. Mais ça dépendait des cas. Quelqu'un de très faible pouvait en crever en 3h. M'enfin, les gars d'ici sont des robustes, j'allais devoir rester enfermée jusqu'à demain pour être sûre qu'ils crèvent tous. Puis j'aurai plus qu'à prendre le gouvernail et nous emmener, moi et Aly, à bon port. Mais pour ça, il me fallait quelques éléments supplémentaires. Je verrais ça en temps voulu.
En attendant, j'étais tiraillée entre la faim et le risque de maladie. J'hésitais un instant avant de répondre à la Détraquée:

_Je... J'ai entendu qu'il y a des malades, j'veux pas qu'Aly chope leur merde. On viendra manger après les autres. Mais euh... merci quand même pour la proposition.

Tant que je jouerais la carte de l'amabilité, elle me fera moins chier.

J'attendis que la nuit tombe pour de bon. Dehors, la lune avait remplacé le soleil, mais de gros nuages empêchait toute visibilité, et un vent fort secouait la mer. Le navire faisait de grosses embardés. Qu'est-ce qu'il se passait? Une tempête? Ah non hein! Pas maintenant! Je soupirais de frustration.
Recroquevillée dans un coin de la chambre toujours scellée grâce au coffre, je recouvris Alasan d'une des couvertures. Elle serrait sa peluche avec inquiétude, les yeux rivés vers la fenêtre. Il fallait que je sécurise au mieux la pièce. Par chance, il n'y avait aucun mobilier, à part les quatres coffres de rangement. Un à un, je poussais les trois derniers contre contre la porte. Tant pis pour le repas, il y avait plus important. J'eu un mal de chien à les faire glisser sur le parquet, déjà parce qu'il était rugueux, mais le balancement brutal du bateau m'empêchait de le faire correctement.
J'espérais de tout coeur qu'ils ne finissent pas par sauter dans tout les sens... C'est alors que me vins une idée. Ils avaient tout juste la bonne taille pour y cacher un enfant.

_Aly, viens voir s'il te plaît.

Elle s'extirpa de son coin, toujours enroulée dans la couette, mais perdit l'équilibre plusieurs fois avant d'arriver jusqu'à moi. Lorsqu'elle fut assez proche, j'agrippais son bras pour la serrer dans mes bras.

_Tout va bien allez ma puce. Tu va dormir, d'accord? Là dedans.

Je lui embrassais le front, avant d'ouvrir un des coffres d'une main.

_Tu reste dedans jusqu'à ce que je t'ouvre. Comme d'habitude. Tu sais comment on fait d'habitude?

Elle hocha la tête et, aussi rare que cela puisse paraître, me souris. Elle voulait me rassurer, alors que c'était à moi de le faire... Ahlàlà, cette petite est une perle.

_Je t'aime Aly, tu le sais hein?

A nouveau, un hochement de tête. Elle croisa les bras autour de mon cou, sans lâcher sa peluche, et je lui rendis son câlin.
La pièce pencha dangereusement, si abruptement que je faillis m'étaler avec la petiote. Les coffres grincèrent sur le bois et celui que j'avais claqua fortement en se refermant. Ça devenait de pire en pire.

_Allez ma puce, fit-je en la relâchant et prenant le drap. Là dedans.

Je le rouvris et étalais la couverture à l'intérieur, ça la protégerait un minimum des chocs. Elle s'y installa ensuite, en position du foetus, le nounours tout contre elle. Je lui embrassais une dernière fois la joue avant de fermer les loquets. Voilà, un soucis en moins.
Le couloir était déjà noyé sous les cris et les pas, des ordres étaient lancés, mais ils se mélangeaient avec les hurlements des hommes malades. Ah oui, ais-je oublié de préciser que la nécromia était très, très douloureuse? Ses muscles qui se changent en pierre et se fissurent, ce n'était pas une partie de plaisir. J'étais bien content d'y échapper. Je ne savais même pas quel était le remède que les gardes avaient employé pour endiguer la propagation... Quoique... Ils avaient tués et brûlés tous les contaminés. Peut-être que c'était ça, leur remède. Les jours suivant, il n'y avait plus aucun cas.

Une couverture sur les épaules pour me protéger du froid, je me tenais accrochée au rebord du hublot ouvert. Il n'y avait pas encore d'orage, j'imagine que c'était bon signe. Mais les vagues étaient hautes, il était possible que l'une d'elles renverse totalement le bateau. Je sentai un poids qui retenait le navire, comme si... l'ancre, ils avaient jeté l'ancre. Le bois craquait et grinçait furieusement, comme prêt à se disloque. L'ancre ne devait pas toucher le fond, et le navire ne suivait plus vraiment les vagues. On allait contre elles, se les prenant de plein fouet, et ça, ça détruirait le bateau...
Qui a eu l'idée idiote de faire ça? Il n'y avait même pas besoin d'être marin pour savoir comment marchent les forces de la gravité. Il va faloir que je règle ça avant qu'on ne crève tous avant l'heure. Tout ça parce que cet équipage n'a jamais pris la mer de leur vie... Pas plus que moi cela dit. Merde merde et remerde. Je regardais un instant le coffre d'Aly. Il n'était pas étanche et il y avait quelques trous. Ce serait carrément con qu'elle finisse à la flotte. Il fallait que j'le fasse.
Je pouvais aussi simplement hurler à travers la porte de remonter l'ancre, mais vu le vacarme, personne n'y prêterai attention.

Je délaissais ma couette pour me glisser à l'extérieur, et le vent me fouetta violement le visage, de sorte que je dû tourner la tête pour pouvoir ouvrir les yeux. M'accrochant par les bras au cordage, je progressais lentement, mes pieds glissaient constamment à cause de l'eau, et les vagues m'éclatait le dos. Je manquais de me faire emporter chaque seconde, et la dureté de la corde m'abîmait l'intérieur des coudes.
Pour gagner un étage, je profitais d'un moment de descente du navire pour attraper une des nombreuses cordes. C'était risqué, mais j'avais confiance... Je pris appuis sur le cordage et bondis. Le filin heurta ma paume, juste au moment où une autre vague se fracassa sur la coque.

Je me tenais fermement à deux mains, secouée par les turbulences, et recachais les goulées d'eau qui s'étaient engouffés dans ma bouche. Je ne voyais plus rien et j'étais trempée.
Allez... Courage, juste quelques mètres!
J'essuyais sommairement mon visage des bras, pour y voir un minimum. La tempête était bien là, ça, c'était indiscutable. Je ne savais pas s'il y avait des gens sur le pont, je n'entendais rien d'autre que le craquement du bateau et la mer qui se déchaînait de plus en plus. Il ne pleuvait pas, et le mistral aurait pu me sécher sur place si l'océan ne s'acharnait pas à revenir.

Oubliant la douleur de mes muscles trop solicités, boostée par l'adrénaline, je grimpais le cordage à la seule force de mes bras. Une fois au niveau de la barrière entourant le pont, je me laissais tomber dos sur le parquet, à bout de forces, bras et jambes écartés.
Les mouvements du navire étaient lourds, l'ancre faisait contre-poids et menaçait de nous couler à tout moment.

_Hey!!

A travers le mistral, j'entendis quelqu'un hurler. Une tête se pencha au-dessus de moi.

_Qu'est-ce que tu fais là? beugla l'homme pour se faire entendre.

Il tenait un seau d'eau à la main et le vida par-dessus bord. Je me relevais, incompréhensive, pour regarder, une main protégeant mes yeux du vent, le pont. Trois hommes s'activaient à rejetter le surplus d'eau à l'aide de seaux, gênés par la multitude de cordages, mais je ne voyais pas toute la surface. Les voiles avaient été relevés, mais nous étions toujours face aux vagues. Et ce que je craignais se produisit.
Une vague plus grosse que les autres se souleva, frappant de plein fouet le nez du bateau, et la figure de proue explosa littéralement pour venir s'écraser sur le pont. A ce moment là, tout me semblait flou. Un des hommes se fit percuter dans une gerbe de sang, entraîné par la puissance du choc jusqu'au gaillard arrière. La tête en bois avait fendu le grand mât avant de se faire éjecter, laissant une traînée de sang sur son passage.
La vague n'était heureusement pas si haute et fut séparée en deux, nous évitant de peu le naufrage. Mais j'avais perdu l'équilibre et glissé, avec l'autre gus, sur quelques mètres. Je me relevais avec difficultés.

_L'ancre! hurlais-je en reprenant mes esprits. Il faut relever l'ancre!
_Quoi? Quelqu'un a jeté l'ancre?
_Tu le sens pas? Le bateau résiste!
_Nom d'un clébard mouillé! Je m'en occupe. Toi, prend ce seau et évacue l'eau!

Il me laissa en plan avant de courir. D'un côté, ça m'arrangeait, je ne savais même pas où se trouvait la manivelle de câblage. Si ça se trouve, elle était dans la cale.
Mon héroïsme passé, et le ciel noir crachant enfin son averse, je décidais de profiter de l'agitation ambiante pour faire quelques emplettes. Je jetais le seau et me précipitais dans les escaliers. Je croisais Ancilla au passage et la foudroya du regard sans m'arrêter, quand bien même elle m'interpellerait. J'espérais au moins qu'elle tirerait une leçon de cette foutu histoire...

M'assurant de ne pas être suivie, je titubais jusqu'à la cantine, me cognant plusieurs fois aux murs en maugréant. Ras-le-cul de cette tempête. C'est amusant 5 minutes, mais là, c'est casse-burnes. J'avais de la chance que la moitié des hommes était mourrant dans leur chambre, si ce n'est pas carrément mort à cause du tumulte, et que l'autre moitié se démenait pour sauver le rafiot. Je souris en repensant au mal de mer d'Ancilla, elle allait s'évanouir pour de bon avec tout ça. Encore un soucis en moins.

Mon repas m'attendait sagement dans un placard de rangement, apparemment solidement fixé au mur, comme le reste des meubles de la cantine. Mais certaines tables s'étaient fissurées et l'une d'elle s'était carrément désossée, les quatres pieds en l'air. Y'allait en avoir pour réparation, demain...
Je pris le sac des restes de charcuterie avant de m'en retourner à ma chambre. Avec les roulements, les caisses n'avaient pas tenues contre la porte et je pu l'ouvrir facilement.
Il me fallu un certain temps avant de trouver la caisse où j'avais caché Aly. La petite me sauta dans les bras dès que j'eu ouvert la boîte, et je la serrais fort contre moi, la soulevant pour l'emmener au hamac. Je grelotais de froid, mais, sous la couverture, et contre elle, la chaleur revenait peu à peu, et avec elle toutes les douleurs que j'avais jusque là ignoré.
Blotties ensemble dans le hamac, je sentais nettement moins les remous du vaisseau, et, alors que je sentai la fatigue m'envahir, le sac de victuailles sur son dos


Notes:

Suite au prochain épisode...)

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